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Mais au fait, c’est quoi un Mégissier?

Moi, cuir de mouton de mon état, je proviens à 75% de contrées lointaines : Nouvelle Zélande, Australie, Afrique du Nord, du Sud, Argentine, Angleterre.... 25% sont mes cousins français nous sommes tous destinés à être « Mégis » à Graulhet.

Pour mon transport on m’a généralement conditionné en Picklé. A vrai dire on conserve ma peau comme l’on conserve un cornichon, ce qui permet de me faire voyager etdurer. Je suis conditionné en palette avec 1000 de mes confrères pour faire mon entrée dans les Mégisseries.Maintenant, je vais être dégraissé et tanné avec des substances minérales ou végétales, des sels de chrome ou des poudres de bois, parfois les deux. A ce stade je deviens irréversible et imputrescible. Ma couleur est bleue ou beige et l’on peut définir ma destination finale: des vêtements, des chaussures, de la maroquinerie, de l’ameublement. Il faut donc choisir mes nouvelles propriétés physiques.

Les Mégissiers Graulhétois vont me nourrir et me teindre afin d’obtenir les qualités requises à mon nouvel emploi.Depuis mon arrivée j’ai passé mon temps dans des bains aux compositions diverses et variées, et dans le strict respect des normes environementales.

Mais que fait-on de tous ces bains ? Ils sont tous collectés, certains seront réutilisés, la grande majorité seront filtrés, analysés et envoyés dans une station de traitements d'éffluents, dans de grands bassins, et où, après de  complexes traitements et analyses finales ils iront rejoindre les rives du Dadou.

Près de 800 petites mains ne sont ici, que pour s’occuper de moi, m’embellir afin de finir dans mes plus beaux atours.Par les claies des séchoirs si typique à l’architecture de la ville je vois les pêcheurs des berges de Miquélou. Sorti de sèche on va m’assouplir, me donner une épaisseur constante, ma teinte finale, me lustrer, me faire briller... mais surtout me parer afin de devenir une peau de désir.

Que vais-je devenir dans mon carton d’expédition ? Je me prends à rêver des vitrines des grands couturiers, de contacts furtifs avec les plus beaux mannequins, de servir les plus grands de la planète à leurs pieds, dans leurs poches ou sur leur bureau.

Je me dois maintenant à l’orée du dernier temps de vie qui me reste de faire partager la passion avec laquelle les Mégissiers Graulhétois ont su donner à la noblesse de ma fibre l’attirance que l’on reconnaît à la matière Cuir.

 

Mon devenir

Ce qu'on en dit:

Une industrie florissante réduite comme peau de chagrin.

Si le tannage est une affaire graulhetoise depuis le XVIe siècle, c’est à la fin du XIXe siècle, que Graulhet devint Capitale mondiale de la mégisserie pour la production de maroquins, utilisés pour la doublure des chaussures, des peaux pour la maroquinerie, la gainerie et la reliure.

Un élan économique industriel boosté à partir de 1851 quand Mazamet, sa voisine, s’est mis à importer d’Argentine, des peaux de moutons à délainer pour sa filière textile. Considérée comme un sous-produit, la peau dépoilée était alors récupérée par le bassin de Graulhet. En 1896 on y comptait plus de cent ateliers, dans lesquels travaillaient 1500 hommes, 300 femmes.

Près d’un siècle plus tard, en 1991, il y avait 87 mégisseries en activité. En 2011, il n’en reste plus que douze et 250 salariés.

Des friches industrielles témoignent, encore aujourd’hui, de cet âge d’or, au coeur de la cité, arrosée par le Dadou dont les eaux alimentaient, alors, ces petites fabriques florissantes.

 

La réalité actuelle:

La profession, comme beaucoup d’autres, est liée à plusieurs facteurs qui vont influencer sur le développement de notre industrie :

ECONOMIQUE.

Comme toute industrie, la nôtre suit le courant du développement économique mondial. L’offre et la demande de peaux, les fluctuations des monnaies vont fortement conditionner les achats de matières premières et avoir un fort impact sur les résultats de l’entreprise.

La mondialisation par le biais:

             -des coûts de main d’œuvre,

             -des coûts environnementaux

Vont favoriser certaines délocalisations ou pertes de marchés.

ECOLO-ENVIRONNEMENTAL.

Pour perdurer et pérenniser nos entreprises, nous nous sommes engagés dans une démarche environnementale permettant de solutionner les problèmes liés aux rejets et aux déchets de notre industrie. Cet engagement de longue date a permis de faire constater à tous l’amélioration des berges et la qualité des eaux de notre Dadou. (aller vers historique).

TECHNIQUE

Au travers de leurs recherches et leur développement constant, les mégissiers graulhétois, avec l’appui de nombreux laboratoires présents sur la place, travaillent à trouver les techniques les plus appropriées collant au plus près aux demandes des marchés dictées par les tendances mode.

SAVOIR FAIRE

Les nouvelles techniques mises en place quotidiennement ne pourraient se faire sans ce savoir séculaire que possèdent les mégissiers. Salariés, dirigeants, tous sont mobilisés. Une large part est faite à la formation afin de développer ces nouveaux savoirs pour pouvoir rester à la pointe de la demande.

Même en restreignant le « faire savoir » ces procédés font des envieux et rejoignent trop souvent de lointaines contrées. Mondialisation oblige.

TENDANCES MODE

Elles dirigent notre travail et sont dictées par les bureaux de style mondiaux. Deux fois par an les mégissiers participent aux séminaires des tendances, printemps/été – automne-hiver de l’année à venir.

 

Tous ces facteurs, quand ils ont été bien assimilés ont permis de maintenir, et pour une majorité de développer une activité favorable à la vie de leur entreprise, ce qui démontre la stabilité de nos mégisseries aux cours de ces trois dernières années.

 

La passion pour leur métier, la volonté et le courage affichés par tous les acteurs de notre profession permettent et permettront d’assurer une continuité pérenne.

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